La perte d’emploi a des conséquences psychologiques importantes, quelle que soit la situation : perte d’emploi par licenciement collectif, licenciement individuel, chômage partiel, dépôt de bilan… La perte d’emploi suscite de nombreuses émotions : le stress, l’angoisse, la peur de ne pas retrouver du travail, la honte, la culpabilité ou encore le sentiment d’échec. Découvrez quelles sont les conséquences psychologiques de la perte d’emploi et pourquoi il est essentiel de demander de l’aide.
La perte d’emploi, un traumatisme psychique
Le travail joue un rôle central dans nos vies : non seulement, il contribue à notre épanouissement personnel et social, mais en plus, c’est notre source de revenus. Il représente à la fois la sécurité financière, le statut social et une identité.
Perdre son emploi n’a donc pas seulement des conséquences économiques, mais aussi des conséquences psychologiques. Lorsque l’on se retrouve brutalement au chômage, on peut le vivre comme un échec mais aussi comme une perte d’identité. On va souvent éprouver de la culpabilité et penser que l’on n’a pas été à la hauteur : on va alors perdre en confiance en soi et en estime de soi. La perte d’emploi va également entraîner également un isolement social et un repli sur soi. Se retrouver au chômage du jour au lendemain constitue une blessure narcissique (l’impression que l’on n’a pas pris en compte tous les efforts que vous avez fournis) mais aussi une perte d’identité. C’est une source d’angoisse : on a peur de ne pas réussir à joindre les deux bouts et de ne pas retrouver rapidement un nouvel emploi.
Ce qui peut être difficile pour les personnes qui se retrouvent licenciées du jour au lendemain, c’est le manque de solidarité de leurs collègues. Bien souvent, les collègues (ceux qui restent) ne savent tout simplement pas quoi dire et choisissent de faire comme si de rien n’était. Dans ce genre de situation, il est plus utile pour les collègues de demander à la personne licenciée si elle a besoin d’aide plutôt que de lui dire qu’elle s’en sortira et qu’elle retrouvera du travail.
Dans son livre “Le traumatisme du chômage”, le psychiatre Michel Debout parle de la perte d’emploi comme un traumatisme au sens psychologique du terme. Après avoir perdu son emploi, on peut se retrouver dans un état de stress post-traumatique, de la même manière qu’après une agression ou un accident. Certaines personnes peuvent mettre plusieurs années à se remettre d’un licenciement ou d’une perte d’emploi brutale. D’ailleurs, les crises économiques ont systématiquement vu le taux de suicides augmenter.
L’évolution psychologique suite à une perte d’emploi
On distingue 4 phases dans l’état d’esprit d’une personne qui vient de perdre son emploi :
- La phase de déni : la perte de son travail signifie la perte de ses repères mais aussi, pour beaucoup d’entre nous, de son identité. On va alors réagir en refusant d’intégrer la réalité : on ignore les signes qui montrent que l’on va perdre son travail, on se convainc que l’on ne fait pas partie des personnes qui vont être licenciées.
- La phase de colère : une fois la perte d’emploi bien réelle, on va ressentir de la colère, qui sera avant tout dirigée vers les ressources humaines, ses supérieurs, les syndicats, l’Etat et ceux qui, eux, n’ont pas été licenciés.
- La phase de déprime : cette phase peut être très longue. On va se dévaloriser, perdre confiance en soi, manquer d’énergie. Pour certaines personnes, un état de stress post-traumatique va se développer.
- La phase de rebond : d’autres personnes parviendront à rebondir. Elles vont abandonner le statut de victime pour agir et mobiliser les ressources nécessaires pour trouver un nouveau travail qui ne soit pas simplement alimentaire. En effet, rebondir ne signifie pas accepter n’importe quel travail par peur du chômage et de la précarité financière.
La phase de rebond implique de faire un travail sur soi, de faire le point sur ses compétences et ses atouts, de regagner confiance en soi et de trouver un nouveau poste qui soit à la hauteur de ses compétences. Parfois, rebondir nécessite de se reconstruire, de changer de décor en déménageant, ou de se lancer dans une reconversion professionnelle.
L’importance du soutien psychologique en cas de perte d’emploi
Ne pas réussir à rebondir n’est pas honteux. Beaucoup de personnes qui ont subi une perte d’emploi n’osent pas demander de l’aide, même lorsqu’elles font face à des angoisses voire à une dépression. Or, le traumatisme lié à la perte d’emploi peut avoir de graves conséquences sur la santé mentale mais aussi physique d’une personne.
Consulter un psychologue vous permettra de vous reconstruire et de vous réadapter à un rythme de vie complètement différent, bouleversé par le changement de situation professionnelle. Le psychologue pourra vous aider à faire face à des sentiments comme la perte de contrôle, la peur de l’avenir, la perte de confiance en soi ou le sentiment de honte et de culpabilité. Mais ce n’est pas tout : des séances en psychothérapie après une perte d’emploi pourront vous aider à faire le point sur vos compétences, vos atouts et vos objectifs professionnels, afin de retrouver plus facilement une ligne directrice et, à terme, un emploi qui vous convient.
Plus la prise en charge est rapide, plus le processus de rebond sera rapide. Il est donc important, si vous avez subi une perte d’emploi brutale et que avez l’impression que vous ne pourrez pas remonter la pente, de consulter un professionnel sans plus tarder.