Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont variés et les symptômes ne sont pas toujours visibles. Et pourtant, il s’agit d’un véritable problème de santé publique qui concerne 1 à 4 % des femmes dans le monde et 0,1 à 0,7 % hommes. Quels sont les principaux troubles du comportement alimentaire ? Qui consulter pour des troubles du comportement alimentaire ?
Troubles du comportement alimentaire : définition OMS
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit les troubles du comportement alimentaires (eating disorders) ainsi :
« Les troubles du comportement alimentaire, tels que l’anorexie mentale et la boulimie, impliquent une alimentation anormale et une obsession pour la nourriture, ainsi que des préoccupations proéminentes concernant le poids et la forme du corps. »
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont donc des conduites alimentaires anormales qui induisent des troubles psychologiques et somatiques. Ils se caractérisent par une représentation du corps erronée, influencée par la pression sociale et par des émotions (anxiété, colère, honte, dégoût de soi-même…). Les troubles alimentaires les plus fréquents sont l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie.
Comment reconnaître un trouble du comportement alimentaire ?
En fonction du trouble alimentaire concerné, les symptômes ne seront pas exactement les mêmes. Toutefois, ils restent assez similaires dans le sens où ils traduisent toujours une peur de prendre du poids, un rapport anormal à l’alimentation et des comportements de compensation.
Par exemple, l’anorexie mentale se traduit par une obsession de maigrir et le refus de garder un poids normal ou au-dessus de la normale. La personne touchée va constamment suivre des régimes alimentaires très restrictifs, souvent avec un exercice physique excessif. Malgré une perte de poids considérable et souvent dangereuse, la personne pense qu’elle est trop grosse (c’est ce que l’on appelle la dysmorphophobie, la déformation de la perception de son corps) et reste très préoccupée par son poids et sa silhouette. Elle a très peur de prendre du poids.
Dans le cas de la boulimie, la personne atteinte va manger de manière incontrôlée, souvent en secret et entre les repas, mais elle va ensuite se sentir coupable de manger. La boulimie est caractérisée par un grand sentiment de honte. La personne va alors adopter des comportements de compensation, comme se faire vomir, avaler des laxatifs ou faire du sport de manière excessive. Comme l’anorexie mentale, la boulimie se caractérise par la peur de grossir et un contrôle excessif de son poids.
Réaliser un test trouble du comportement alimentaire pour s’auto-diagnostiquer
Pour diagnostiquer un trouble du comportement alimentaire, des tests sont disponibles. Trois tests d’auto-évaluation des TCA sont disponibles en français :
- Le questionnaire SCOFF (Sick, Control, One, Fat, Food) : conçu en 1999, il est couramment utilisé au Royaume-Uni par les médecins généralistes pour diagnostiquer un trouble du comportement alimentaire chez l’adolescent ou chez l’adulte. Il consiste à remplir 5 questions en oui / non et ne prend que 30 secondes à compléter. A partir de deux réponses « oui », un trouble du comportement alimentaire est possible.
- L’échelle d’auto-évaluation de l’anorexie mentale EAT (Eating Attitude Test) : ce questionnaire est conçu pour diagnostiquer l’anorexie mentale ou la boulimie. L’EAT-26 (avec 26 items) est le plus courant ; il permet de déterminer si une prise en charge est nécessaire. Ce test d’auto-évaluation ne prend que 5 minutes. Pour chaque question, il faut répondre en sélectionnant un item sur une échelle de Likert, de 1 à 6 (« Pas du tout/jamais » à « Extrêmement/Toujours »). Un score supérieur ou égal à 20 indique la nécessité d’une prise en charge.
- L’EDI (Eating Disorder Inventory) : l’EDI ne permet pas de diagnostiquer un TCA mais de repérer des comportements ou attitudes liés aux conduites alimentaires. On l’utilise pour les personnes de plus de 12 ans. Comme l’EAT, on va évaluer des items sur une échelle de Likert en 6 points. Ce test prend environ 20 minutes.
- Le BULIT (Bulimia test) : développé en 1984, ce test vise à dépister des perturbations alimentaires de type boulimique. Il est composé de 36 items cotés pour chacun de 1 à 5. Un score au-dessus de 88 définit des comportements boulimiques occasionnels et un score supérieur ou égal à 102 implique une prise en charge.
Troubles du comportement alimentaire : que faire ?
Dans l’idéal, un trouble du comportement alimentaire doit être pris en charge rapidement, dès que les premiers symptômes apparaissent. Les adolescents pourront consulter l’infirmière scolaire, les adultes leur médecin généraliste. Celui-ci pourra ensuite vous réorienter vers un psychologue ou psychothérapeute spécialisé dans le traitement des TCA. Le problème, c’est que malgré les tests d’autodiagnostic existants, les personnes atteintes d’un trouble du comportement alimentaire ne s’en rendent généralement pas compte. Le déni est une grande composante de ces troubles du comportement. C’est donc à l’entourage d’être attentif et d’agir dès les premiers symptômes.
Suite à un diagnostic de troubles du comportement alimentaire, qui consulter ? Il est indispensable de consulter un psychologue ou psychothérapeute pour un suivi psychologique. Les TCC par exemple ont prouvé leur efficacité pour traiter les troubles du comportement alimentaire car elles agissent directement sur la modification des comportements problématiques. Un suivi psychiatrique est souvent aussi nécessaire, surtout si les TCA sont associés à une anxiété ou une dépression. Enfin, l’hospitalisation pourra être nécessaire en cas d’amaigrissement trop important.