Les effets du traumatisme psychologique sur le cerveau

Les conséquences d’un traumatisme psychologique se manifestent par ce que l’on appelle le trouble de stress post-traumatique (TSTP). On estime que dans le monde, 70 % des adultes vivent ou ont vécu un évènement traumatisant au cours de leur vie, et que 5 à 12 % de la population selon les pays souffrent de stress post-traumatique. Certaines catégories de la population sont plus exposées au TSTP, notamment les militaires (1/4 des militaires ayant servi sur un terrain de guerre est atteint de stress post-traumatique). Selon les cas, le TSTP peut disparaitre au bout de quelques semaines ou devenir chronique. Parce que ce trouble est loin d’être rare, des études ont été menées sur les effets du trauma sur le cerveau et sur la manière dont se développe le TSTP.

Quel est l’effet d’un traumatisme psychologique sur le cerveau ? 

Un déséquilibre de la connectivité du cerveau


L’une des études menées sur le traumatisme et son effet sur le cerveau a montré que les personnes atteintes de stress post-traumatique présentent toutes un déséquilibre de la connectivité du cerveau. Il faut savoir que les différentes fonctions du cerveau sont allouées à des zones spécifiques. On dit que le cerveau est latéralisé car la partie gauche (le système nerveux parasympathique) et la partie droite (le système nerveux sympathique) n’ont pas les mêmes fonctions. L’hémisphère droit est associé aux situations d’alerte et va stimuler des processus physiologiques (comme la fréquence cardiaque), alors que l’hémisphère gauche va les inhiber. Dans une situation de trouble de stress post-traumatique, la répartition des fonctions entre les zones cérébrales est déréglée et les connectivités cérébrales sont altérées. C’est ce déséquilibre qui va causer certains des troubles associés au stress post-traumatique, comme les insomnies.  

Une augmentation de l’activité électrique de l’amygdale


Il s’écoule souvent une période d’une dizaine de jours entre le trauma et les symptômes du stress post-traumatique. Des chercheurs indiens du Centre national des sciences biologiques de Bangalore ont cherché une explication à cet effet à retardement et ont remarqué qu’une dizaine de jours après le trauma, on observe une augmentation de l’activité électrique de l’amygdale. Cette partie du cerveau a pour objectif de décoder les stimuli sensoriels afin d’orienter notre réaction comportementale. Par exemple, face à un danger, elle va commander une réponse physiologique associée à la peur : les mains moites, la contraction des muscles, l’augmentation de la pression sanguine et de la fréquence cardiaque… 

En plus d’une hausse de l’activité électrique de l’amygdale, on observe également la formation de nouvelles connexions nerveuses ou synapses dans l’amygdale. Les chercheurs ont essayé de bloquer le récepteur NMDA (N-méthyl-D-aspartate), responsable du changement d’activité de l’amygdale, et sont parvenus à empêcher la formation de ces nouvelles synapses et à stopper la hausse de l’activité électrique. 

Après un traumatisme psychique, il apparait alors que la sensibilité de l’amygdale est exacerbée, un peu comme si le cerveau restait en état d’alerte 24h/24. C’est un peu pour cela qu’une personne atteinte de TSPT a parfois l’impression de voir le danger partout !

Un dysfonctionnement de nos mécanismes biologiques


Le trouble de stress post-traumatique est ainsi caractérisé par un dysfonctionnement des mécanismes biologiques qui nous permettent de faire face au stress et au danger. Ce dysfonctionnement ne touche pas tout le monde de la même manière : plusieurs personnes peuvent avoir subi le même trauma, et certaines seront en état de stress post-traumatique alors que d’autres n’auront aucune séquelle psychologique. La réaction dépend aussi de la sensibilité de chacun au stress. Lorsque l’on est exposé à un trauma, quel qu’il soit, cela active le système d’alarme du cerveau. Au cours de l’évolution, nous avons développé des réponses en cas de stress (combat, fuite ou blocage), mais dans le cas d’un traumatisme, il n’y a pas d’échappatoire et le système d’alarme va donc se maintenir dans le temps, ce qui crée un état de stress post-traumatique.  

Des conséquences sur la mémoire


Le TSTP doit impérativement être pris en charge car plus le stress dure longtemps, plus il va faire des dégâts dans le cerveau. Le stress prolongé peut ainsi causer la mort de l’hippocampe, région du cerveau primordiale pour le fonctionnement de la mémoire, entraînant ainsi des problèmes de mémoire et de concentration. Le trauma psychologique va ainsi influencer la manière dont on construit de nouveaux souvenirs, mais aussi la manière dont on se souvient. Les adultes victimes de traumas dans l’enfance, ou même plus tard, ont du mal à construire des souvenirs autobiographiques positifs, ce qui affecte leur estime de soi.

Un cercle vicieux


Le stress post-traumatique fonctionne comme un cercle vicieux. Il y a dans le cerveau ce qu’on appelle un « système de récompense », qui débouche sur la libération de dopamine, « l’hormone du bonheur ». Ce système nous aide notamment à se motiver et à reconnaître les aspects positifs de notre environnement. Les personnes atteintes de TSTP ont une sensibilité réduite dans cette zone du cerveau. Ce sont donc les alertes de l’amygdale hypersensible qui vont primer avant le système de récompense et qui va influencer les décisions et comportements face à une situation donnée. C’est comme si le cerveau allait d’abord anticiper les menaces avant de s’autoriser à éprouver du plaisir.   Ce mécanisme peut se refléter dans les relations sociales du patient : il va d’abord se concentrer sur les menaces et le danger et donc ignorer les signaux sociaux positifs. Résultat : l’état d’alerte persiste.    

L’importance de la prise en charge du stress post-traumatique


Dans une situation de stress post-traumatique, une prise en charge avec des séances de psychothérapie est indispensable.  Il est recommandé de commencer les séances le plus tôt possible, afin d’éviter que le souvenir traumatique soit intégré et traité par le cerveau comme un souvenir normal. Toutefois, le but de la psychothérapie pour le traitement du stress post-traumatique n’est pas d’oublier complètement le trauma. Le souvenir du traumatisme va développer des capacités d’adaptation. Le souvenir du trauma sera donc toujours là, mais traité de sorte qu’il ne soit pas source d’anxiété. Heureusement, la plasticité du cerveau permet à des patients qui consultent tardivement de s’en sortir malgré les limitations qui se sont construites.

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