Comment reconnaître l’anxiété sociale ?

Reconnaître l’anxiété sociale est souvent difficile, car ce trouble est fréquemment confondu avec la timidité, le trac avant une prise de parole, ou encore l’agoraphobie. Pourtant, l’anxiété sociale n’est pas la peur de ne pas pouvoir sortir d’un lieu public, mais bien la crainte d’être jugé négativement. Cette phobie sociale peut avoir des conséquences majeures sur la vie personnelle, scolaire et professionnelle.

Anxiété sociale : les symptômes

Les personnes concernées ressentent une peur marquée dans les situations sociales, ce qui entraîne un évitement progressif de celles-ci. Elles interprètent souvent les réactions des autres comme négatives, perçoivent du rejet ou de la critique et développent une hypervigilance sociale. Les manifestations typiques incluent :

  • bégaiement, renforçant la peur de parler en public
  • rougissements pouvant entraîner une éreutophobie (peur de rougir)
  • sueurs froides liées à l’adrénaline et la noradrénaline
  • tremblements incontrôlables
  • troubles de l’attention, difficultés de concentration ou pertes de mémoire

Chez les enfants, l’anxiété sociale peut se traduire par des douleurs abdominales, tensions musculaires, transpiration excessive, refus d’aller à l’école ou crises de colère. L’anticipation anxieuse renforce les comportements d’évitement.

Reconnaître l’anxiété sociale ou un trouble du spectre autistique ?

Il est parfois difficile de distinguer anxiété sociale et autisme, notamment le syndrome d’Asperger. Les enfants présentant un syndrome d’Asperger peuvent avoir des difficultés relationnelles, un manque d’empathie ou des comportements sociaux inadaptés. Cela conduit parfois à une confusion diagnostique. Des outils comme l’AQ (Autism Quotient), le RAADS-14 ou l’Aspie Quiz peuvent aider au dépistage, mais seul un professionnel de santé peut poser un diagnostic fiable.

Anxiété sociale et hypersensibilité

Pour mieux reconnaître l’anxiété sociale, il est utile de s’intéresser aux profils vulnérables. Les personnes hypersensibles, perfectionnistes ou introverties ont un risque accru de développer ce trouble. L’hypersensibilité émotionnelle amplifie l’impact des expériences négatives (harcèlement, critiques parentales, échecs sociaux) et favorise l’installation d’une phobie sociale. Les introvertis, quant à eux, peuvent ressentir un besoin accru d’isolement, ce qui accentue le risque d’évitement social.

Reconnaître l’anxiété sociale ou la timidité ?

La timidité est une réaction courante dans certaines situations nouvelles ou impressionnantes. Elle peut être transitoire, sans impact majeur sur la vie quotidienne. L’anxiété sociale, en revanche, est durable, disproportionnée et entraîne une altération significative du fonctionnement social, scolaire ou professionnel. Si la timidité maladive peut s’accompagner de phobie sociale, elle n’en est pas synonyme. Des facteurs environnementaux (famille stricte, parents anxieux, critiques répétées) ou épigénétiques peuvent influencer l’expression de cette vulnérabilité.

Est-ce que je souffre d’anxiété sociale ?

Pour répondre à cette question, les critères du DSM-5 permettent d’orienter l’évaluation :

  • anxiété intense face à des situations sociales exposant au regard d’autrui
  • peur disproportionnée d’être jugé négativement
  • évitement de ces situations ou vécu avec détresse extrême
  • persistance des symptômes depuis au moins six mois
  • retentissement significatif sur la vie sociale, scolaire ou professionnelle
  • absence d’autre trouble expliquant les symptômes (substance, maladie, autisme)

Comment mesurer l’anxiété sociale ?

Reconnaître l’anxiété sociale peut aussi passer par des tests standardisés. Le plus utilisé est l’échelle d’anxiété sociale de Liebowitz (Liebowitz Social Anxiety Scale, LSAS), développée en 1987. Elle mesure l’intensité de l’anxiété et des conduites d’évitement dans différentes situations sociales. Bien qu’utile comme outil d’auto-évaluation, ce test ne remplace pas l’avis d’un psychothérapeute ou d’un psychiatre à Luxembourg, seul habilité à poser un diagnostic précis et proposer un traitement adapté.

Vous pouvez [prendre rendez-vous ici] pour bénéficier d’un espace d’écoute et d’analyse adapté.

Rappel : au Luxembourg, les consultations en cabinet avec un psychothérapeute agréé sont remboursées par la CNS sur prescription médicale.

Références scientifiques :

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